Interview Carole Blanchard
- Fanny Rosselin
- 22 nov. 2022
- 7 min de lecture
Cheffe d'édition au pôle web de BFM Régions - Maître de stage
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier (découvert par hasard, une réelle envie…) ?
Il n’y a pas vraiment eu d'éléments déclencheurs, quand j’étais adolescente, j’avais déjà envie de devenir journaliste. J’aimais bien écrire, je pense que ça vient de là. J’ai pu faire des stages assez rapidement et ça me plaisait bien. J’ai donc poursuivi là-dedans.
Combien d’années d’études ou d’apprentissage personnel pour arriver à votre poste actuel ?
En sortant du lycée, je savais que je voulais intégrer une école de journalisme, mais je voulais d’abord voir autre chose. J’ai fait une faculté de droit, j’ai donc une licence de droit. Au cours de ma licence, j’ai commencé à préparer mes concours. Après ma licence, j’ai intégré le CELSA, une école de journalisme en niveau master.
Comment fonctionne la rédaction web de BFM Régions ?
On est une rédaction intégrée dans une grande rédaction, on est plus un service en réalité. BFM Régions est un service du pôle web de BFMTV.com, qui traite à la fois de l’actualité générale, de la politique, de la société, un service business, …
Moi qui suis à la tête de ce service-là, le matin quand j’arrive en conférence de rédaction, je présente les sujets qui me paraissent intéressants, qu’on peut reprendre de notre côté, ou qu’on peut lancer. Quand je dis reprendre, ce sont des sujets qui ont été diffusés sur nos différentes antennes. Mais si l’actualité fait que j’ai repéré tel ou tel sujet alors je peux les lancer. Après, on valide ou pas en conférence de rédaction, après au fil de la journée, comme on est une chaîne d’info en continu, il y a des choses qui se rajoutent. On décide, oui ou non, de partir sur tel ou tel sujet, et on est toujours en lien avec la rédaction en chef de la rédaction de BFMTV.com.
On a beau être un service , on ne décide pas tout seul. Il y a toujours des discussions sur les sujets que l’on fait ou pas.
De manière plus globale, on est un service de 6 personnes : 4 titulaires, 1 stagiaire et 1 contrat professionnel. Les titulaires sont amenés à faire des roulements sur les différents posts, sur les différents horaires, soit le matin, soit en journée, soit le soir.
Comment se traite une information au sein de la rédaction de BFM Régions (choix régionaux, source AFP, BFM, communiqué…) ?
Il y a des sujets qui vont de soi, d’autres sur lesquels on va discuter. Sur un sujet politique: est-ce que l’on traite oui ou non telle ou telle déclaration d’un candidat ou pas. Si quelqu’un de la rédaction repère un tweet d’un candidat qui peut paraître intéressant, je vais en référer au chef de l’actu. D’une part, si oui ou non on le fait, est ce que c’est pertinent ou pas et ensuite qui le fait.
Ce qui est pertinent ou pas c’est difficile à dire, cela va dépendre de plein de choses: est-ce qu’on a suivi ce dossier ?, est-ce qu’il y a une polémique en cours,... Cela se juge au cas par cas.
Pour ceux qui sont des choix régionaux, on se base sur ce que font les antennes.
Autant pour Paris c’est plus facile parce que l’on est sur place, nous on peut aussi voir des choses, on connaît la ville, la région, on y vit, on a un ressenti sur les choses. A Lyon, Lille, encore plus dans les Alpes du Sud, on peut connaître un peu si on y a déjà habité ou parce qu'une fois ou deux on y a été en tant que touriste. Mais on ne peut pas dire qu’on connaisse la ville. Donc on est obligé de se baser sur l’expertise des journalistes qui sont sur place et sur les sujets qu’ils diffusent à l’antenne.
A la longue, des sujets qui reviennent. Même si on n'est pas sur place, au fur et à mesure on finit par identifier les sujets qui sont parlants pour la région ou qui vont potentiellement intéresser les gens.
Comment sont gérées les difficultés au sein de cette rédaction ? (Situation particulière)
C’est une grosse machine qui se met en route. Dans ce cas-là, c’est beaucoup le service actualité qui va prendre le dessus, les décisions vont vraiment être prises par eux. D’une part ils vont centraliser toutes les informations, c’est à ce moment-là qu’il est important de discuter entre nous, surtout ne pas se marcher dessus.
Un attentat qui se passe à Paris, évidemment que cela intéresse au-delà de Paris, donc forcément eux (service actualité) ça va les intéresser. Mais nous du côté parisien on aura des applications plus locales et directes.
Le décès d’un homme politique, cela va dépendre de son importance. Par exemple, Jacques Chirac, cela a chamboulé toute l’actualité, cela a intéressé tout le monde. Nous on prenait les sujets plus localisés, ce qu’il a réalisé à la mairie de Paris. Si c’est un homme politique plus local, c’est peut-être que nous, qui allons le prendre. Un ancien maire d’une petite commune de la métropole lyonnaise, c'est nous qui allons le traiter.
Pour les annonces de Jean Castex, on a un peu rodé les choses, comme c’est devenu très régulier, il y a une période c’était même toutes les semaines. On avait un fonctionnement calé, grâce à un système de live. C’est un gros article qu’on peut actualiser en live. L’actu s’occupe de cela. Un chef à l’actu s'occupe de pushé toutes les annonces sur toutes nos différentes applis y compris sur les applis locales. Le service région était plus basé sur le scroll, qui était aussi un gros morceau, fallait qu’on écoute aussi en direct, pour pouvoir transcrire en direct les annonces sur nos différents bandeaux des chaînes régionales. Et ensuite partager les articles qui auraient pu être faits par nos collègues de l’actu sur nos différents réseaux sociaux, car c’est aussi une porte d’entrée vers nos chaînes régionales. Maintenant on se pose plus la question.
Quels sont les postes les plus importants au sein de la rédaction de BFM Régions ?
Tout en haut de l’échelle Julien Mielcarek, directeur de la rédaction, est assisté par Ivan Valerio, qui est donc le directeur adjoint et ont un regard sur toute la rédaction du web y compris BFM Régions.
En dessous, il y a les rédacteurs en chef qui ont des adjoints.
En dessous tu as les chefs d’édition comme moi, et ensuite les rédacteurs.
On parle en termes de responsabilités, mais si on enlève un maillon de la chaîne comme les rédacteurs, Ivan Valerio ou moi on ne fait plus rien. On a besoin de tout le monde.

Au sein de la rédaction, les femmes sont-elles assez représentées et ont-elles des postes à responsabilités ?
Il y a pas mal de femmes dans la rédaction, je ne saurais pas dire la proportion exacte, si on est plus ou pas. Ce qui est sûr c’est que ces dernières années le métier c’est féminisé, on voit beaucoup plus de femmes. À vrai dire, depuis que j’ai commencé, j’ai toujours eu des femmes dans la rédaction. Mais ici particulièrement, je pense, que dans la rédaction web il y a pas mal de femmes. Et aussi des femmes qui ont des responsabilités.
Alors oui ce sont des hommes qui sont aux postes les plus importants, mais en-dessous il y a des postes qui sont occupées par des femmes et ce depuis un moment, c’est pas nouveau. Donc, au niveau de la représentation des femmes dans la rédaction, je pense qu’on est pas trop mal. Je ne saurais pas dire comment cela se passe du côté de la télé, de la même façon je crois qu’ils essayent d’avoir des femmes. Par exemple, je sais que le service police-justice est dirigé par une femme et que son adjointe est aussi une femme, le service police-justice à BFMTV ce n’est pas rien, c’est quand même l’un des services les plus sollicités. J’imagine que rien n’est parfait et que l’on peut faire mieux.
Qu'aimes-tu dans ce métier de journaliste ? / Qu’est ce que tu n’aimes pas dans ce métier ?
Ce que j’aime, c’est que c’est toujours en mouvement, il y a toujours quelque chose. Il y a rarement des journées qui se passent de la même façon. C’est assez stimulant comme environnement, il se passe toujours quelque chose.
L’inconvénient de ce système-là , quand il se passe trop de choses en même temps, il faut tenir la distance, il faut réussir à garder la tête froide et à ne pas se laisser submerger par toute l’actualité qui peut tomber en même temps. Ça peut créer une forme de fatigue.
Les qualités à avoir pour devenir journaliste ?
Aimer l’info, être rigoureux, on ne peut pas transiger avec les faits, tu n’as pas le droit de t'écarter de fait qui pourrait prêter à confusion, qui pourrait laisser entendre que tu dis autre chose que ce que t'essaye de dire.
En tout cas dans notre métier, dans une chaîne d’info en continu, il faut être réactif, ce n'est pas forcément lié à tous les métiers du journalisme quand tu fais des articles sur le long cours, ce n’est pas tout à fait la même réactivité qu’il faut avoir, mais nous on est obligé d’être dynamique, on ne peut pas se laisser trop reposé. C’est important de savoir restituer des faits, enfin sur le côté pratique, savoir construire un article, écrire, être curieux, se renseigner si l’on voit passer un message qui nous alerte. Ne pas hésiter à remettre les choses en question, ne pas foncer tête baissée et allez vérifier.
Les défauts à ne pas avoir ?
Tu ne peux pas être dans l’approximation, encore moins dans notre média qui est BFMTV, un gros nom, sur les réseaux sociaux, si on fait ne serait ce qu’une petite coquille, bêtise ou une erreur humaine, ce qui peut arriver, on se fait tomber dessus tout de suite. C’est sûr qu’il n'y en a pas qu’un, il ne faut pas être “planplan”. C’est difficile de dire ce qu’il ne faut pas être (rires).
Comments